D’un effleurement sensible
Arrimer mon échelle de corde
Aux degrés du ciel,
Demeurer dans la dualité,
Oscillation incertaine d’un miracle
Nimbé de lumière céleste
Nous hissant par son fil d’argent
Au sommet des voies de l’âme.
D’un effleurement sensible
Reconquérir l’homme de l’origine
Traçant de la vie son profond sillon.
*
L’aurore se fait incertaine,
L’incisive larme de froid
Etend ses lueurs d’acier
Sur le silence pastoral
Que blanchissent
Quelques cristaux de givre.
Le temps silencieux est passé,
Des pattes d’oiseaux
Se sont incrustées
Aux sourires de nos yeux.
Bel automne où les couleurs
Rutilent, brillent, éclatent,
Ocre, jaune, rouge, tons chauds.
Le ciel lui, s’est peu à peu voilé,
La brume anonyme s’est installée
Dans un monde d’apparence
Qui semble se déliter.
*
Lorsque le rêve m’emporte
Je le mets en couleur,
Puis bois un verre de vin
A la robe rubis.
Alors je vois fleurir les cerisiers
Sur les neiges du Fuji-Yama,
Dans une antique felouque
Je prends les vents brulants
Sur les eaux sablonneuses du Nil
Où je croise Abou-Simbel.
Au fond d’un vieil atelier
Sur un chevalet déployé,
Je découvre un étrange tableau
Sous un drap de lin empoussiéré,
Œuvre de maître ancien
Où se profile un portrait
Laissant apparaître
Les traits de votre visage,
Votre doigt sur vos lèvres posé
Comme pour taire un secret.
Lorsque le rêve m’emporte
Je l’écris en lettres d’or
Pour qu’il devienne le poème
Où j’ose dire je vous aime.
*
Lorsqu’un mot renverse le destin,
Alors nous prenons la mer, le large,
Dans un état d’urgence,
Une nécessité salvatrice.
Le regard devient différent
Il se déploie sur une vie nouvelle,
Un imprévisible essor
Dans les reflets d’une âme sœur,
D’une femme source porteuse
Du mystère de la flamme jumelle,
Gardienne d’une passion de légende.
Lorsqu’un mot oriente le destin,
Alors nous nous surprenons à écouter
Les variations d’une flûte dans l’aurore,
Préludant l’appel du désert
Où germent les mystères de l’Orient.
Lorsqu’un mot féconde le destin,
Alors nous nous risquons à croire
A l’abondance d’une terre promise,
Face et mains devant le mur,
Sur l’énigmatique beauté
D’un visage drapé de brume
Dont la mémoire nous revient
Dans les effluves d’un parfum.
Il règne ici comme un souffle
De repentir mêlé
A de pénétrantes lumières
Confondues aux fièvres du désir ,
Lorsqu’un mot inverse le destin.
*
Nimbé du silence des cimes
Le ciel prend soudainement
La transparence d’un Vermeer,
Ame et esprit y puisent
Mouvances et turbulences
Nappé d’un flot de lumière.
C’est une page qui s’ouvre
Sur un espace de liberté,
C’est une fête pastorale
Intime et matinale
Où des notes de verdure
En touches d’ombre éphémère
Laissent entendre battre
Le rythme de la vie,
Dans un berceau de paix
Drapé de sérénité.
*
Par la beauté
De vos seins de porcelaine
Qui éblouissent mes rêves,
En votre nudité
Vous m’apparaissez,
Telle une vierge vénitienne
Enveloppée par un chant grégorien,
Votre corps s’embrase
En s’offrant à l’extase
D’un songe de soie bleue.
Par la beauté
De vos seins de porcelaine
Confiant leurs chants aux étoiles
Dans un reflet d’éternité,
Je me laisse emporter
Dans l’évanescence du silence
Par une vague émotionnelle
Et vous caresse d’une main
Porteuse d’une aile de papillon.
*
Regard éperdu et effaré
De la mère portant
L’enfant de la désolation,
De la misère, de la famine.
Femme transie au cœur
De la grande infamie,
Femme crucifiée
Au seuil de l’hiver,
Frissonnant en silence
Sous le souffle insidieux
De la mort lente.
Emportée dans le tourbillon
Des injustices de l’homme,
Perdue dans les solitudes
De l’indifférence du monde.
*
Poème dédié à l’ami et grand calligraphe Ghani Alani.
En son aura de silence,
La calligraphie révèle
Cette fragile beauté
De paysage flottant
Dans une musique d’encre,
Mêlée de traces, de signes,
Ocrés d’une lumière
Auréolant d’ésotériques symboles,
Les déliés de la ligne de vie.
*
En mémoire d’Amadeo Modigliani.
Il ignorait que la vie
Etait plus fragile
Qu’une étoile de David
Ebauchée dans la neige.
Il lui a dit,
« Lorsque je connaitrai ton âme
Je peindrai tes yeux.../... »
Et il a peint ses yeux !
Depuis leurs âmes se confondent
Au bas d’une toile inachevée
Où s’enlacent deux initiales flammées,
A et J.
*
Poème en partage avec Lilith première.
Dans le sillage incertain
Des signes jumelés
De nos flammes consumées,
Dans le secret voilé
Je me surprends à rêver
De peindre le poème
Et d’écrire l’icône,
Sur le désert d’une plage
Au sable mordoré.
Simples lignes concordantes
Entre lettrines rouges et or,
Juste à ce point où veille
Une forme nouvelle d’amour,
Que fertilisent l’écume et le sel
Sur l’orbe nacré
Des lèvres irisées
De la naissance du jour.
*
Petit partage du jour...avec ma Lilith
Nous traversons les jeunes frondaisons,
Puis l’immensité des champs
Aux vagues de blés blonds,
Où les ailes des anges
S’embrasent au feu céleste,
Lorsque soudain est apparu
Un visage de douceur vénitienne,
Dans le mystère d’un silence
S’étirant sur les brumes de chaleur.
Nous traversons les jeunes frondaisons,
Sous les baisers du soleil
Où le bleu du ciel soudain
S’est rempli d’hirondelles.
*
Texte en partage avec dame Lilith......
Par le lien du partage,
Pour vous je dépose
Quelques tendres mots
D’amour ou d’amitié,
Comme des pattes d’oiseaux
Sur l’ultime gelée blanche
Où percent timidement
Les premiers perce-neige,
Annonciateurs des frémissements
De notre complice printemps.