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Marine Rose - L'Ange du Silence

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Au doux cœur du papier
j’entends Ton chant, blancheur originelle,
je lis Ton visage insaisissable et tout proche ;
ô Ange de nos soleils et de nos lunes
dont les échos dissimulés
font scintiller les rochers,
les galets bleutés aux pieds des vagues
tels des souvenirs dans la houle du présent,
Ange d’infini caressé
sous la pulpe des doigts de l’âme
qui pianote sur sa raison, passionnée,
tourbillon des esprits échappés de leurs chaînes,
de cette austère confusion
qu’est la geôle du monde ;

Ange aux yeux sages,
deux saphirs pétillant telles des braises,
deux torrents d’eau tropicale,
deux baisers réunis dans un regard
qui enveloppe toute vie
et tous les trépas,
Ange aux phalanges de chrysanthème
caressant l’étrange Toussaint
en soufflant sur les feux aux reflets pâles
pour faire briller les lendemains des aveux

Ange portant nos couronnes d’éther bleu

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Sur les cendres de mon être
je retrouverai le phénix de Ta pure lumière,
ô douce consolation blanche
où toute beauté paraît immaculée !

Je verrai éclore les bourgeons de clarté
jusqu’aux fins fonds de l’univers
en méditant sur Ton aile,
ayant toutes les forces de mon cœur en Toi déposées

Ange du Silence vainqueur
qui éclaircit les ponts des pensées
vers l’au-delà du Présent,
la magie de sa réalité retrouvée

Mon cœur se dépose maintenant,
goutte après goutte de sang
pour goûter l’immense passion de Ta rose

Les étoiles s’enivrent de vagues proses
toutes constituées de Tes yeux
lisant le temps, le basculant
vers Ton Éden impossible...

Et pourtant de celui-ci les bleus chats
s’invitent en chaque cellule,
l'onde métamorphosant par leur aura,
recréant leur foyer subtil
tel un Royaume promis qui attend
la noblesse du combat


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Une rose glacée glisse sur Tes lèvres

J’aimerais l’attraper
avec mon cœur allongé
et dire l’impalpable de ses sonorités,
sa proximité souveraine et ignorée

Mes lèvres brûlent de rêves
devant Toi,
cierge d’éternité,
d’omniprésence cachée
Les cités s’engourdissent sous une mousse de larmes
par cent néants étouffées
mais Tu grandis, dans Ton mystère entier,
devant mes yeux qui supplient
Ton délire sain

Tu grandis et T’envoles
dans le lointain de moi-même,
dans la véracité profonde,
l’étrangeté
d’un présent expérimental

Laisse-moi irradier Ta rose
pour la libérer

Avec tout ce que je ne sais encore,
tout ce que je n’ai vécu
qu’en enthousiasme,
laisse-moi la délivrer de sa glace
par le feu d’un baiser sincère

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M’approchant
au seuil d’or et de limbes
je goûte l’infini décor
qui ne livre
qu’un secret d’amour

scellé dans une énigme
pour la volonté

Tout ce que Tu as gardé
pour nous
sous Ton voile
opaque pour la pupille humaine,
transparent à l’œil divin
Le berceau de nos âmes
sans confins
au couffin de plumes d’oiseaux
nés depuis Tes mains,
depuis les plaies innombrables,
renaissant sans fin

Phénix d’éternité
dans les vallées de cendres
de l’humanité,
le cri de l’Ascension,
le bruissement des ailes
du pardon

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Je me promenais
dans un temple boisé
où les fleurs soupiraient
devant Ta majesté,
les dahlias aux pétales de sang blanc,
les fougères argentées
par les lunes d’humilité
et leur douceur invincible

Je marchais avec un cœur indélébile
Même immobile, j’étais forcée d’avancer
pour ne pas laisser les ronces grandissantes m’étouffer ;
les ronces repoussées
par les rayons reconnus de Ta présence

Les pas d’une âme
sont imperceptibles
et fulgurants répétés
dans Ta direction
...

Tu es un prisme,
un prisme sans contour
de l’immortalité !

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Douce rosée de Ta réponse...
Je fonds dans Tes bras enfin...
telle une brume doucereuse,
la buée d’un rêve vital sur le carreau de Ton Ciel...
Béatifique parfum, âme envolée dans Ta mer,
bercée par ses vagues de délices saphir

Je suis l’oiseau sur le pont de Ton navire
voguant dans le manège des nuées
et Tu es la clef de tous mes secrets,
la cascade d’un monde de vérité
Au cœur de ses pétales ruisselants
j’embrasse la douceur qui surplombe la pensée,
Ton visage disséminé en moi réunie

Comme j’aimerais
chercher les fossettes de ce cher précipice de beauté
et déjouer les mystères pour mieux Te regarder
mais Tu es toute la plénitude qui se love
au comble du sein scintillant d’abandon
et l’écrin de la nuit me traversant feutrée
et édifiante

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Me traversent
les nécessités de Ta présence,
une faim qui ne cesse
que dans l’embrasement de la transe...
offrant son sillage
de divine nostalgie
aux rossignols d’écume
en refrains entêtants,
doux comme des larmes
tombant sur le soleil,
ruisseau des armes
d’un cœur convaincu par l’Infini

Je gravite
autour des bulles de champagne
de Ta chair fluidifiée
entièrement par le Souffle,
laissant mes empreintes
dans Ton livre
d’invisible cristal...
et les embruns des vagues
perpétuelles de mon âme

Je Te prie
comme une rose déchaînée
éperonnée par ses épines et la soif
de l’absolue liberté
de pouvoir offrir,
échanger une vie
contre Tes bénédictions secrètes
et manifestées

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Un OM
pris entre deux ailes
naissant des pages
distille, intemporel métronome,
l’arôme de ses cycles fondus,
la vibration d’un abîme d’éternelle nudité
clair balcon bordé de séraphins,
l’orgue joué par Gaïa
au diadème de surnaturel,
en face des cimes d’un jardin
en myriades de secrets et de chemins
reliés au cœur des saisons,
l’Élan sacré de toute vie

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Il y a bien un oiseau
qui monte sur mon front,
c’est celui de Ton écho
aux heures de renouveau
Ta sagesse est un aimant,
une insondable musique...
portant dans son bec un diamant
que seul l’être profond touche...

Des jasmins odorants
qui se penchent depuis les plumes
d’un frêle et impérissable moment,
d’une vaste occasion d’entendre
et d’aimer ;
des anémones turquoises
et leurs flûtes aériennes,
des rameaux de caresses volatiles
quand va et vient le voyage
avec ses secrets volubiles ;
Ton écho, Ton chœur, Ton cœur,
c’est un vivant paysage,
l’émerveillement de comprendre...

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Ange du Silence, immortelle louange
à la vie éternelle !
Les nuages en fleurs de coton
se pressent dans des rythmes évanescents,
laissant entrevoir dans un écrin de quiétude
entre les roches montagneuses
les rayons d’un soleil-or
Les abeilles, dorées par ses reflets,
descendent sur les pétales d’un cœur mystérieux
réunissant l’Univers dans un aveu,
une déclaration absolue,
comme les fantômes des fleurs
dans cet hiver au doux vent givré
abondent et virevoltent contre les joues,
sous les pas abandonnés au Tout !
Les sapins aux mousses bleu-vert,
comme de grands messieurs
saluant en ôtant leurs chapeaux,
les canards col vert
plongeant dans une mare de citrine
aux émouvants nénuphars glacés,
les coccinelles d’argent
traversant les fenêtres des maisons,
toute la nature semble invitée
au secret d’un désirable bal surnaturel,
et mon cœur est fou !
Sautillant comme une gazelle sans gravité
sur les hélices délicates de l’air
transcendé par des mélopées célestes
en fluides diamants dont l’âme se désaltère...

Dans le satin de la véritable lumière
se dresse, souriant, l’Ange qui m’attend
dans Sa gloire indicible
éblouissant les songes de mon présent...
Mon âme joint ses mains dans un chant
pour l’adorer en gourmandise de ravissement,
caressant cette éternité enfantine
aux miracles mi-conscients,
goûtant du Ciel l’impalpable vitrine
aux plus saisissants dénouements
 

Sursa: Marine Rose, dec. 2021