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Ionuţ Caragea - Aphorismes jaillis de l'écume des flots,
ed. Stellamaris, Brest, France, 2018
 
L’amour

Il est des fois où l’amour te frappe tel un boomerang sur la tête,
juste lorsqu’on espère prendre l’oiseau au vol.

L’amour ressemble parfois à un fauve qui reste toute sa vie durant
à l’affût, pour tuer lorsqu’on aime le plus.

Quelque chose en moi est en quête de quelque chose de toi.
Heureusement, l’amour est là.

L’amour est un pont de fleurs jeté entre les coeurs.

L’amour est un carrefour à sens giratoire. À force de tourner
autour du même coeur, on perd ses larmes.

Au lieu de remplir l’espace environnant de notre propre conception
de la vie, remplissons plutôt d’amour le vide d’entre nous.

L’amour n’a pas besoin de mots, mais les mots ont toujours besoin
d’amour.

L’amour lévite dans un univers imaginaire, où l’on est tout et rien.

L’amour est une fata morgana dans un désert charnel.

L’amour est une guillotine ailée.

Si je pouvais te cacher au creux de la paume ou dans une poche
pectorale, je ne serais plus jamais recalé en amour.

L’amour est une série infinie de questions, où l’on exerce
l’équilibre de la vie.

Je vais déboutonné ; de tant d’amour, je dépasse de mon veston.

Je t’aimerai toutes les minutes une journée entière, et tous les ans
déborderont de préhistoires.

L’amour n’a pas besoin d’épines. Laissons le sang arroser nos
racines pour que, chaque matin, un sourire fleurisse.

On aime tout en ignorant ce qu’est l’amour et, quand on le sait, on
n’arrive plus à aimer.

L’amour : feu couvant sous la cendre, où l’on jette de temps à autre
un espoir, tel une bûche pourrie.

L’amour – l’unique perpetuum-mobile.

Jusqu’au ciel se met à genoux devant l’amour.

L’amour – l’épuisement de la chair par la tendre voracité de l’âme.

L’amour, comme la vérité, demeure toujours au fond du verre.

L’amour : un miracle qui passe d’un corps à l’autre, tout en
remémorant l’infini.

L’amour paraît quand Dieu mire deux visages (siens) dans la
même glace.

On fera l’amour en rimes embrassées, croisées jusqu’à ce que
toutes les nuits seront blanches…

Jusqu’à deux coeurs de pierre peuvent produire, par heurt/choc,
l’étincelle de l’amour.

Quand l’amour surmonte tout obstacle, son tendre écho provient
des lèvres de l’infini.

L’amour est la rivière de papillons où s’abreuvent tous les assoiffés
d’envol.

Cette dague farouche, nommée amour, une fois plantée dans le
coeur, n’en sort plus qu’à la foreuse de rêves.

L’amour nous apprend toujours à faire l’amour, mais avant
l’amour, il est tant de leçons sur la communication… Qui saute
sur ces leçons ne sera jamais un expert en amour, mais en
dissimulations et chimères, et l’homme qu’elle a prétendu avoir
aimé autrefois deviendra un simple accessoire de la vanité.

Quand on aime, on amasse ses espoirs dans les chambrettes du
coeur. Quand on n’est pas aimé, on amasse sa tristesse au creux
des paumes.

Tu sais, l’on rêve souvent de voyager parmi les étoiles pour y
trouver son amour. Toi seule est la chanceuse chez qui l’univers est
venu en personne pour t’attacher une galaxie derrière l’oreille…

L’amour est une balle chargée de parfum d’immortelles.

Tout amour démarre dans la clé de sol.

L’amour ne suit pas de cours de danse.

L’amour – un océan sans rivages.

L’amour est le cordon ombilical entre l’être et l’âme.

L’amour est recyclable, l’âme vendable, les péchés rachetables…

L’amour est comme l’oisillon quittant le nid de l’âme, s’essayant à
survoler tout abîme des ailes imaginaires de l’âme.

L’amour des nihilistes : ils vivent avec les convictions et couchent
avec les craintes.

Souventes fois, l’amour est l’illusion d’une fleur à laquelle on a
arraché tous les pétales avec nos propres pensées négatives, alors
qu’en fait elle ne s’était même pas épanouie.

Le vrai amour débute par des larmes versées sur l’autel de la
solitude.

Laissons l’amour être notre oracle.

Les tombes des amours qu’on garde dans son âme n’ont pas besoin
de croix, mais de cathédrales de lumière.

Nos amours – simplement des oasis de solitude dans le vacarme
de la douleur.

Larmes et paroles – l’alchimie d’un amour.

Le silence de l’absence mesure l’amour avec précision.

Question : pourquoi ne pas choisir une carrière d’amour ?
Au combat contre le temps, envoyons en ligne ce qui ne saurait
jamais mourir : l’amour.

L’amour à première vue durera seulement si entre les miroirs des
âmes agit la force d’adhésion des larmes.

Dans un premier temps, l’amour se cache dans les chambrettes
du coeur et quand on le trouve, il se laisse caresser et ronronne
comme un chat. Ensuite, l’amour se retire dans le dédale de
l’esprit et on consume sa vie à en lire les traces.

L’amour ne mue jamais en un cri dans le desert.

On est les deux pareils à deux pages d’amour attachées ensemble
par l’agrafe de l’instant.

L’écume des flots est parvenue sur le sable. Le souvenir d’un
amour orageux persiste délicatement.

L’histoire des papillons dans l’estomac est bien brève. Les papillons
atterrissent vite dans un insectarium de l’histoire.

On aime en ignorant l’amour et quand on le sait, on n’y arrive
plus.

L’amour est une situation sans issue du coma profond appelé vie.
 
traduceri de Constantin Frosin
 

Sursa: Ionuţ Caragea, 2019