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Né le 12 avril 1975 à Constanţa, Roumanie, Ionuţ Caragea est
poète, prosateur, critique littéraire, éditeur, auteur
d’aphorismes et promo- teur culturel. Il est membre de
l’Union des Écrivains de Roumanie.
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Il est l’un
des 20
auteurs
publiés par
l’Anthologie
de
l’aphorisme
roumain
contemporain,
Éditions Genesi, Turin,
2013. En juin 2013, il remporte le Prix de créativité
au Concours international Naji Naaman, Liban, pour des
aphorismes extraits du volume Le Dictionnaire de la
Souffrance, Éditions Fides, Iaşi, 2008, traduits en
français par Constantin
Frosin. A participé aux deux premières éditions du
Festival
international de l’Aphorisme pour les Roumains de par le
monde, Tecuci,
Roumanie, Il a remporté le Prix spécial Mihai Pauliuc en
2017 et le Grand Prix – le
Trophée Sapiens
Piroboridava en
2018. Il
est inclus
dans les
anthologies
les plus
récentes de
l’aphorisme roumain.
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Durant la période 2003-2011 il a vécu à Montréal, où il fut
instructeur sportif et sportif de performance rugbyman. Il
est devenu citoyen
canadien en
2008. Il
fonde, le
16 juillet
2008,
avec le
poète
Adrian Erbiceanu, l’Association des Écrivains de Langue
Roumaine du Québec
et les éditions
ASLRQ. En février 2012, il rentre en Roumanie et
s’établit à Oradea.
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En tant qu’auteur,
il a publié plus de 40 livres. La critique littéraire
roumaine le considère comme l’un des leaders de la
génération poétique de
l’an 2000
et l’un
des
écrivains roumains
les plus
originaux
et atypiques.
Biographie détaillée :
www.ionutcaragea.ro.
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L’aphorisme est la pépite d’or
que l’aphoriste trouve parmi les méandres de l’inspiration.
La pierre de David a brisé une montagne de chair.
L’aphorisme peut lui aussi briser une montagne de
littérature.
Les croix sont de simples emplâtres pour le visage de la
terre.
Quand l’arc-en-ciel paraît,
Dieu nous rappelle que notre âme est le plus beau livre à
colorier.
De même que le nénuphar ouvre au-dessus du lac, le verbe
ouvre au-dessus des pleurs.
Dieu est l’architecte de ma voûte palatine,
mais il m’a laissé les mots pour décorer le théâtre de cette
vie.
Le vrai peintre des mots est celui qui fait son autoportrait
en fermant les yeux sur la toile immaculée de l’âme.
Il est des fois où l’amour te frappe tel un boomerang sur la
tête, juste lorsqu’on espère prendre l’oiseau au vol.
L’amour est un carrefour à sens giratoire.
À force de tourner autour du même cœur, on perd ses larmes.
Au lieu de remplir l’espace environnant de notre propre
conception de la vie,
remplissons plutôt d’amour le vide d’entre nous.
L’amour : un miracle qui passe d’un corps à l’autre, tout en
remémorant l’infini.
Dieu ne reprend jamais son souffle, il n’a pas de cesse de
l’offrir.
Quand Dieu a fait le monde, d’un œil il pleurait, de l’autre
il riait.
Il pleurait car il savait combien on allait souffrir,
il riait à l’idée qu’on allait lui tenir pourtant compagnie.
Pour être admis au cœur d’une femme, on n’a pas besoin de la
carte de son corps,
mais de la carte des rêves à accomplir avec elle.
Le bonheur est le trou de la serrure
par où l’on épie ce que le rêve est seul à toucher.
Le bonheur n’est ni blanc, ni noir.
Il est multicolore, comme l’arc-en-ciel et dure tout aussi
peu.
La ligne de l’infini commence avec la ligne de nos paumes.
Combien de battements de cœur pourraient remplir le rien, le
silence et tout l’univers ?
Le cœur – un pétale tombé de la corolle d’un rêve.
Mon cœur est l’ombre d’un papillon égaré parmi les étoiles.
Mon cœur est un mouchoir plié. Déplié, il est aussi vaste
que le ciel.
Si les humains avaient eu des ailes, ils seraient des
oiseaux de proie. Jamais des anges.
La larme est le testament d’un amoureux.
Les larmes sont des oiseaux de feu ayant perdu leurs ailes.
La lune figure une montre sans aiguilles ; devant elle, on
peut passer son enfance sans fin.
Mes os sont alignés dans un instrument musical où ne souffle
que la mort.
Journées noires et nuit blanches
les touches d’un piano où la mort joue le requiem de
l’humanité.
J’ai découvert le secret de l’immortalité en avalant mes
larmes.
Les oiseaux cachent l’éternité sous leurs ailes.
On est les mains tremblantes en cherchant l’immortalité sur
le clavier noir et blanc d’un piano
désaccordé par la marche funèbre du temps.
La poésie est un passage clouté entre vie et mort.
On rêve le réveil à la tempe.
Dans la vie, il faut être lucide et circonspect.
L’amitié de certains est aussi grande qu’un cheval de Troie.
À peine a-t-on accepté leur présent,
qu’ils ont vite fait de vous passer la main dans le dos pour
faire de vous leur victime.
La solitude paresse comme un serpent au coin du feu du cœur,
repu de souvenirs.
Mon âme est un cerf-volant à deux attaches. L’une est formée
de larmes, l’autre de rêves.
La main du temps ne tremble jamais.
Il promène lentement son bistouri sur nos visages tel un
criminel en série féru de son art.
L’ombre vit une moitié de la vie en dehors de l’homme, et
l’autre moitié à l’intérieur, en respirant des rêves.
Le plus bel instrument musical, c’est l’univers.
Dieu règle ses cordes par la révolution des galaxies.
La vie est un hôpital où les gens sont traités par des
pilules de mépris, tandis que la mort inventorie les âmes.
La vie est un musée aux hommes en cire
qui s’enfuient effrayés par les ombres, en fondant.
Qu’est-ce qu’un rêve?
Un film de l’immortalité développé par l’âme dans la chambre
obscure de l’esprit.
traduceri
de Constantin Frosin