- Thierry
Moral - Front Hier
Front Hier
Le front d'hier
N'est pas celui d'aujourd'hui
Les frontières d'antan
Ont bougé au fil du temps
Et pourtant, les lignes
Demeurent immobiles
Invisibles et indivisibles
Elles font régner l'ordre patriotique
Quant à ceux qui sont nés du mauvais côté
Il leur reste à rêver du mot solidarité
Le front d'aujourd'hui
N'est pas celui d'hier
Les frontières de l'instant T
Sont filmées par satellites
Et pourtant, les lignes
Restes inflexibles
Elles sont l'outil de la grande fierté
De ceux qui ont été procréés du bon côté
Certains même, rêvent d'une certaine solidarité
Le front du temps
Est sagement accroupi sur le fil
La frontière des siècles
Sert d'horizon aux sages penseurs
Et pourtant, la ligne
Détient toutes les réponses
Insolubles et imperceptibles
Elles sont la base du phénomène de la vie
Chaque être humain marche dessus en équilibre
Entre le rêve, la solidarité, l'égoïsme et la réalité
Rencontres
J'ai rencontré un escargot
Il est reparti sans me dire un mot
J'ai rencontré un clair de lune
Et pas l'ombre d'une plume
J'ai rencontré une belle voix
Elle a pris le chemin du chacun pour soi
J'ai rencontré un arbre mort
Il était plein de vie, j'avais tort
J'ai rencontré un violon
Voyageant avec de joyeux fanfarons
J'ai rencontré la douleur
Elle m'a dit de fuir à toute vapeur
J'ai rencontré un poète
Bien trop enfermé dans sa propre tête
J'ai rencontré un beau pays
Pour lui, le paradis est ici
J'ai rencontré une terre malade
N'offrant que des légumes fades
J'ai rencontré une légende
Petite, qui un jour deviendra grande
J'ai rencontré une énergie
Sa force m'a éblouie
J'ai rencontré une bonne vieille routine
Empêtrée dans une crasse patine
J'ai rencontré un nuage
Déjà parti, trop volage
J'ai rencontré un espoir
Il a promis de revenir me voir
J'ai rencontré l'indifférence
Scrutant les arcanes de la finance
J'ai rencontré un enfant
Qui cherchait ses parents
J'ai rencontré l'injustice
Croquant nos vies avec délice
J'ai rencontré la générosité
Ne cherchant pas à être félicitée
J'ai rencontré un être humain
Conjuguant la vie au féminin
J'ai rencontré la beauté
En écoutant la simplicité
Simple regard
Avec ta tête de zombi mal réveillé
Tu traînes ta chaire à pâté de rat des villes
Le sac à dos de vaillant escargot vissé sur ton dos
Est le seul bien que tu possèdes
Hormis ta crasseuse carcasse
Tu déambules sans craindre le ridicule
En te moquant des bourgeois aux esprits étroits
Ton refus du pervers système
Attire des rebelles dans l'âme
Ou refoule les biens campés sur leurs certitudes
Tu te fiches de ce que les gens pensent
Tant que tu trouves de quoi te remplir la panse
Elle se contente de peu ou du tout venant
Par contre, ton gosier est un puits sans fond
Qui a ses préférences en terme de boissons alcoolisées
Ainsi vont ta dégaine et ta réputation
Fondées sur de puissants et fébriles préjugés
Rien n'est simple en matière d'errance
Pour celui qui accepte de chercher à comprendre
Celui qui te fuit et te condamne
A peut-être vu dans ton regard humide
Le reflet de son âme
Garde pour toi le don de large vision
Il constitue ta plus grande richesse
Laisse aux nantis le fardeau du regard étriqué
Tout se règle parfois
Par un simple regard
Vertige haineux
Vertige haineux
Du haut de la pente
Raide dingue du vide
Forte est la tentation
Attention attraction
Cette peur de l’inconnu
Qui aspire
Et attire
Est absolue
L’absolu ment rarement
L’absolution triche tout autant
Et après ?
La chute
Cent pour sang de chances
De rester sur le carreau
Sans trèfle, ni pique
Arrêt du cœur assuré
Et pour cause
La haine
T’aime ou t’aime pas
N’empêche qu’elle
Existe même en toi
Pour sûr, on se disculpe
Très peu pour moi
Mais la hauteur domine
Le recul s’annule lui-même
Dans le cul, le préjugé
Bienveillant, bien-pensant
Chaque mot se retourne
Comme une crêpe
Pile ou face
Avec la dure réalité
Le vent est fort
Le froid perçant
Le soleil aveuglant
Le sol tellement bas
On se sent si puissant
Du haut de sa tour de contrôle
Propre ou figuré
Peu importe, le sens de l’âme vacille
Il est plus facile de plonger
Que de rester aligné
Le vertige haineux
Surprend qui que ce soit
Celui qui le nie
Profite au déni
Le délie de faciès
Dilue l'idée reçue
Rallonge la sauce pimentée
L’agressivité écrase le goût
Et entraîne dans sa danse
Le tournis
La tourmente
Du vertige haineux
La fabrique des souvenirs
Elle ouvre ses portes à l'enfance
Les referme à la troisième mi-temps
Entre les deux, elle fournit le carburant de l'espoir
Le bonheur est un bon client
La douleur, une puissante actionnaire
La main d'œuvre est gratuite
Car l'espèce humaine en produit naturellement
Le souvenir est une denrée précieuse
Physiologiquement renouvelable
Sauf en cas d'extrême défaillance
Le spectre de la célèbre pathologie dégénérative
Plane sur les âmes pas encore mûres
La crainte du pire est souvent devant soi
Parce que l'inconnu et le hasard font la loi
Le poète mène l'utopique quête
De créer de nouveaux souvenirs
Chez les lecteurs ouverts d'esprits
Des bulles d'images éphémères
Laissant des traces dans l'âme en éveil
Cette aventure unique est à la portée de chacun
À condition que la fenêtre de l'enfance ne soit pas close
Et que l'amertume ne gâche pas la dégustation de l'instant
Suspendu entre le présent, le passé et le conditionnel