§ Plus d'une vingtaine d'années se
sont écoulées depuis l'édition princeps de ce
livre écrit en roumain et publié sur le site électronique de l'
Université New Mexico, Gallup Campus, aux États-Unis.
Depuis 1998. jusqu'à présent,
Les Distiques
paradoxistes de Florentin Smarandache ont connu
plusieurs hypostases linguistiques qui se sont concrétisées en
autant d'éditions, à savoir: les éditions : serbe
( 2000 ), anglaise ( 2006 ), chinoise(
2008 ), russe ( 2010 ), grѐcque (
2011 ), italienne ( 2011 ) - à ce que nous
sachions jusqu'à présent.
Pour ce qui est de la présente édition,”revue &
augmentée”, l'auteur s'est laissé suggestionner par la
traductrice, si bien que l'on a procédé à des remaniements de
contenu d'où l'on a exclu une vingtaine de distiques, tout en
mettant à profit une autre vingtaine inspirés ou empruntés de
ses volumes antérieurs, imprimés au Maroc, en 1984, à savoir: ”LeSensduNon-Sens”
et ”Anti-Chambres & Anti- PoésiesouBizarreries.”.
À la différence des éditions de ci- dessus, la présente
édition ( ayant comme ”langue- cible” le français ), est
augmentée d'une quarantaine de pages critiques consacrées à
l'auteur, ainsi qu'au Mouvement paradoxiste dont il est
considéré le promoteur averti.
Comme il se devait, le Mouvement paradoxiste créé par
Florentin Smarandache aux années 1980 a fait l'objet, en
Roumanie et ailleurs, d'une pléthore d'études critiques, aussi
fréquentes que passionnées, vouées à inscrire l'auteur et le
mouvement dont il est le fondateur dans le patrimoine universel
de valeurs.
§ D'ailleurs, l'auteur lui-même s'y
inscrit grâce à un palmarѐs de recherche et de création
impressionnant, qui compte, jusqu'à présent, non moins que 500
livres et mille articles scientifiques - en tant qu'auteur et
coauteur, traducteur et cotraducteur, éditeur et coéditeur -
tout en étant comparé par ses biographes à un ”polyѐdre”(
cf. M. Bencze ) ou à un vrai ”RenaissanceMan”.
Récemment, en 2022, le mathématicien- poѐte a reçu
uneperle de surcroît à sa couronne: le titre de
Professeur Éméritede l'Université Américaine.
Durant les 33 annéés depuis le début de son aventure
existentielle au-delà de l'Océan, cet ”Emigrantàl'infini”( voir le titre du volume
paru en 1996 ), ce ”Descendantde
MagellanetdeChristopheColomb” ( cf. Janet Nică ), a créé une oeuvre qui se
déploie sur une plage trѐs vaste de domaines de recherche et de
création - depuis les maths supérieures jusqu' aux ordinnateurs
( intelligence artificielle, la fusion de l'information), depuis
la physique ( ~ quantique, ~ des particules ) jusqu' à l'
économie ( ~ culturelle, la théorie poly-emporium ), depuis la
philosophie ( v. la neutrosophie - une généralisation de la
dialectique ) jusqu' à la logique ( v. la logique
neutrosophique- une généralisation de la logique fuzzy
intuitionniste ) ainsi qu' à la littérature et à l'art.
À vrai dire, pour Florentin Smarandache, la littérature
constitue un ”violond'Ingres” avec
lequel il joue sur tous les méridiens / les site du monde,
dans les langues dont il se sert pour écrire ou dans
lesquelles il a été traduit jusqu'à présent.
Avec un tel palmarѐs de recherche
et de création, le brillant scientifique de l'Université New
Mexico pourrait accéder plutôt et sans réserve au titre nobilier
renaissant de ”Homouniversalis( titre métaphorique rarissime de nos jours à cause d'une
hyper-spécialisation dans des domaines déterminés et
restreints) qu' au ”PrixNobel”- qui est refusé
d'emblée aux mathématiciens grâce à une clause statutaire
absurde, discriminatoire, qui les exclut irrémédiablement et
sans appel.
§ Pour ce qui est de l'iconographie de cette édition, de son côté
herméneutique, si la premiѐre couverture représente la signatureastrologique de l'auteur - qui est né le
10 décembre1954 - sous le signe du Sagittaire (
représenté par un centaure tirant à l'arc dont la flѐche vise
l'infini ), la quatriѐme couverture abrite effectivement le
symbole de l'infini - représenté graphiquement
par une spirale, symbole cosmique et initiatique.
Celle-ci s'insinue aussi dans l'économie du livre,
marquant de son sceau, centaine par centaine, les distiques, car
laspirale symbolise non seulement l'infini,
mais également leparadoxe, elle en
est sa représentation graphique, ou bien, sa ”mise en abyme”
spéculaire. D'ailleurs, le poѐte-Sagittaire est hanté lui-même
par l'infini, dans plus d'une dizaine de distiques
qui en sont autant de définitions paradoxales. En voici
quelques-unes :
” Il met des limites / À l'infini” ( =
L'Horizon
);
” Le grand infini / Petit ” ( =
Microcosme );
” Une limite / Illimitée ” ( =
Lavoûtecéleste );
” Un fini / Infini” ( =
Cerclevicieux );
” Une mort / Immortelle” ( =
L'Héroïsme );
” Ce n'est qu'aprѐs la mort / Qu'il devient immortel” (=
L'Artiste
).
Ce n'est pas par hasard que l'empreinte de
laspirale se retrouve aussi sur les diplômes émises
par L'Association Mondiale des Paradoxistes, en tant que
sceau de bon augure pour l' élévation spirituelle, pour la
mobilité des idées, pour leur progression perpétuelle. À ce
sujet, les15Anthologies de
Littérature parado-xiste - éditées par F. Smarandache
depuis 1993 jusqu'à présent - et qui reflѐtent
l'activité créatrice des membres de ce Mouvement d' avant-garde
contemporain, en constituent la meilleure preuve (voir le site:
http://fs.unm.edu/LiteratureLibrary.htm).
Dans leur ”DictionnairedesSymboles”, Jean Chevalier & Alain Gheerbrant
définissent laspirale comme une
figure géométrique riche en significations symboliques, comme un
”motif ouvert et optimiste”, en tant que glyphe
universel de la temporalité, de la permanence de l'être soumis
aux fluctuations du changement” ( cf. vol. 3, P
/ Z, p.250 ) C'est un symbole cosmique et initiatique,
”qui exprime l'apparition d'un mouvement circulaire qui se
développe à partir d'un point d'origine et se prolunge à
l'infini”. Elle représente, en fait, ”les rythmes répétés de la
vie, le caractѐre cyclique de l'évolution, la permanence
de l'être confronté à l'éphémétité du mouvement”. (cf.
Chevalier & Gheerbrant, op.cit., p.250)
Celle-ci est omniprésente dans la nature - depuis la
banale toile d'araignée, les corolles des roses, les cônes de
sapin ou les pommes de pin, depuis la double hélice spiralée
d'une molécule d'ADN, jusqu'aux galaxies spiralaires - ce qui
prouve l'ubiquité de ce motif isomorphe.
§
Rattaché à la spirale par son sémantisme
iconographique, leparadoxe est
”l'un des moyens de maintenir l'esprit heurté entre deux
probabilités”- dit Al. Ciorănescu ( in: ”LeBaroqueouladécouvertedudrame”,
Éditions Dacia, Cluj- Napoca, 1980, p.175).
Si les spéculations mathématiques inspirées par le
symbolisme de la coquille spiralée font que laspirale devienne ”le signe de l'équilibre dans le
déséquilibre, de l'ordre de l'être dans le changement du
mouvement”(cf.J.Chevalier & A.Gheerbrant, op.cit.,
p. 251), pareillement, leparadoxe -
en tant que stylѐme universellement connu dans tous les arts
baroques - se remarque par le soin de réunir en une seule entité
conceptuelle deux intentions différentes et parfois
contradictoires, tout en exprimant, de la sorte, simultané-ment,
deux idées différentes” ( apud Al. Ciorănescu, op.cit., p. 264 ).
Dans son ”Dictionnaire
depoétiqueet
deRhétorique”,Henri
Morier définit le paradoxe en ces termes: ”C'est
une opinion contraire à l'opinion commune, une affir-mation qui,
au premier abord, paraît choquante ou absurde”- par rapport à
la logique normale. ”Chaque fois que l'esprit s'endort sur les
idées reçues (...) le poѐte, le philosophe et le prophѐte sont
là pour le frapper de paradoxes, pour lui prouver que lespremiers seront lesderniers, que qui gagne sa vie en ce monde, la
perd dans l'autre...” (
n.s. )
”Le paradoxe est l'arme de l'esprit militant, qui affirme sa
force; c'est la raison pour laquelle on le trouve aussi bien
dans L'Évangile que dans les pages de Nietzsche”
( p.864 ) Le paradoxe est une alliance de mots antithétiques et
qui paraissent, logiquement, incompatibles. La preuve en est
même son étymologie grecque: ”paradoxon”signifie:”àcôté ( de ) l'opinion”( cf. Henri Morier, op.cit.)
Les paradoxes sont ”les monstres de la vérité ” et,
surtout, de l'ingénuité” - affirme Baltasar Gracián ( 1601 -
1658 ), le théoricien du Baroque espagnol, dans le DiscoursXXIII de son ”AgudezayArtede Ingenio”/ ”L'AcuitéetL'Artdel'Esprit”(
1642 ).
Ce sont ”des
sophismes trѐs sagaces, des maximes
pleins de grâce - également subtiles et métaphysiques”- qui
supposent ”beaucoup d' attention pour être saisis et d' autant
plus pour être conçus”. Pour Baltasar Gracián, le paradoxe c'est
”l'un des plus grands excѐs de la pensée”.
À trois siѐcles de distance, le fondateur du Mouvement
paradoxiste surenchérit lesparadoxes
en tant que stylѐmes baroques qui violentent la réalitéafin de la rendre homogѐne, en usant des effets
humoristiques et ironiques issus du jeu de mots, de l'équivoque,
de l'oxymore, ainsi que des antithѐses et des calembours, somme
toute, d'un ”artcombinatoire” (”arscombinatoria” ) qui est consubstantiel au Baroque
éternel.
BIBLIOGRAPHIE CRITIQUE SÉLECTIVE
1. SMARANDACHE, F., Distihuri
paradoxiste,University of New Mexico, Gallup Campus,
Electronic Publishing, 1998.
2. SMARANDACHE, Florentin,
Legi de compoziție internă, Fѐs, MAROC, 1982.
3. SMARANDACHE, Florentin, Le
Sens du Non-Sens, Fѐs, Éditions Artistiques, MAROC, 1984.
4. SMARANDACHE, Florentin, Antichambres et Anti-poésies ou Bizarreries,
Fѐs, MAROC,
1984.
9. NICĂ, Janet, ”Făt-Frumos din
Lacrimă de Paradox”/(F. Smarandache degustat în
unsprezece eseuri de Janet NICĂ), in: http://fs.unm.edu/LiteratureLibrary.htm
10.PETRAȘ, Dana ( Editor), Lentile transparente( O diagonală la activitatea literară &
științifică a lui Florentin Smarandache ), Editura
DURAN'S, Oradea, 2013.