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Amalia Achard - "C’est ma nature"
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Extraits
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1
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J’accueille
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le silence liminaire
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de l’univers
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les murs bâtis de mots pérennes
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le délire des trottoirs
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de vouloir fleurir
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sous les pas des passants
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j’accueille l’aube cachée
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sous l’ourlet de l’horizon
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brodé aux jours insolites
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et le saule pleureur séduit
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par les yeux bleus des eaux
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j’accueille les angles blancs
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d’une pensée en mouvement
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et les soupirs noyés dans l’encre
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j’accueille l’état d’âme d’un ciel
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gorgé d’anges et de nuages
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et les prières non-entendues
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revenues aux lèvres conceptrices
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j’accueille déchaînement, éclat de rire
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méfiance et faiblesse
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qui font de moi un être humain
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j’accueille la vie
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et toute sa poésie
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j’affronte la mort
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de la force de ma vie.
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2.
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Ce poème
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un éclat de rire essentiel
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a échappé à mon contrôle
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les mots auraient dû rester germinatifs
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dans des cellules vivantes nourries
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du lait de mon esprit
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jusqu’à l’éclosion
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Pour l’heure
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j’ignore de quoi est fait mon moi
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le plus profond
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et pourquoi la narration ne m’est possible
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qu’en mode fragmentaire
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quand dans ma vie je me sens entière
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quand chaque événement se pose sagement
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dans l’histoire imaginée
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et pourquoi j’hésite à m’imposer un contenu
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à mon goût
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quand on ne me demande des comptes
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ni sur le possible ni sur l’impossible ?…
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Je m’auto-exile peut-être de ceux
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qui savent quand il est temps de dire
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« la vie est belle »
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ou, me semble-t-il, mon point sur le i
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est plus estropié
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que le point sur le i des autres
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si ce n’est juste par peur de moi
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que la main tremble en écrivant…