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Marine Rose - Poèmes
Trois poèmes récents inédits
1
La pure musique de la poésie aux confins du monde
déchire l’accoutumance d’un éclair de douceur
fulgurante percée dans le cœur d’un art de la lenteur
retrouvé sous les décombres modernes :
un instant
paraît la porte à l’horizon infini de l’éternité contenant le réel
sa beauté dansant semble côtoyer pourtant l’irréel
insaisissable séraphine blanche aux pieds plus fins que le sable
Elle s’élance dans d’incessantes lumières telles des vagues
se posant sur l’œil humain de leurs murmures étrangers
Mais toute familiarité bénie est là, dans cette intimité soufflée
qui, si rarement et si peu recueillie, est pont jusqu’aux rives
et abysses innombrables d’un Univers que le Créateur fit surgir
peut-être pour nous y éveiller
laissant une chance sur chacun des pas...
2
Ton habit blanc est comme la page nue de mon amour
j’aurais aimé parvenir à voir tout à fait comment songe le silence
où veille l’âme-beauté plus fluide et maternelle que le lait
Oui, rêvant sous les voiles humbles d’Aletheia !
accueillir l’impossible est peut-être le commencement du regard
savoir que l’on est rien sans le secours de la grâce
mais une aspiration à être qui inspire et expire incessamment
dans la magie et dans l’aridité du monde
au sein inconnu de l’avenir tissé seconde après seconde
quand les instincts peuvent mourir une idée va y naître
rose immaculée de papier à portée de la plus haute plume
3
Écume mousseline au bord du sommeil
abandon ourlé en floue souvenance dès lèvres
les vagues respirantes approfondissent un rêve
le cœur descend dans une ouate féconde de vivre son incessante
prière
comme le jour s’est refermé grave pierre
de statue allongée maintenant sous le monde des paupières
les puissances chutent dans l’obscurité
Oh ! par-delà l’horizon invisible, l’invincible
élan contre nature mais fidèle à l’harmonie de l’âme :
dans l’accueil de l’insondable attendre un Réel immaculé
Cinq poèmes extraits de « Ma Gardienne d’Éther », à paraitre aux
éditions Stellamaris
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Approcher le cœur du silence
du temple intérieur la rose blanche
de la douceur inconditionnelle la transe
ô douceur virtuose aux rives de l’immense
Qu’une pluie vertueuse de cygnes d’éther ruisselle
sur la face du monde illuminer les mers sibyllines des êtres
d’un chant d’une prière semblable à une main tendue vers la Terre
et l’enfantement perpétuel et douloureux d’une Gaïa si belle
en proie parfois à des gestes fous de désespérance!
*
C’est ici-bas que s’est tissé dès le premier souffle
pour chacun une chrysalide possible
et sous les décombres et les menaces un Paradis d’ici-bas
est à sauver dans toute son innocence vulnérable
vivant encore du souvenir des langes en cantabile
où il était monde promis
fructifiant d’une impulsion originelle mystérieuse et généreuse
en même temps qu’avorté par la voix collective trop faible d’une
quête d’harmonie
Ô havre d’ici-bas préservé dans l’utérus
du silence résonnant d’espérance!
Il faut un pas d’un respect infini
pour oser retrouver le seuil de ton image
sous les fontaines volubiles de clairvoyance
il faut un pas empreint de silence
ayant fait taire en soi toute voix inessentielle
*
Amour retrouvé, lorsque les ténèbres se dissipent
et la douceur renaît, je t’abandonne le lait de mon âme
en obstination de flamme
émeraude aux notes chaudes d’épithalame
Et sur le pupitre éternel de l’Amour je grave:
« Je souhaite veiller ta pureté toujours »
dans le cahier aux mille délices d’apprendre
du feu absolu qui fait renaître des cendres
le phénix de la communion au cou tendre
je laisse les plumes d’anges incandescents
brûler des pages suivantes l’oléandre blanc
écrivant architecturalement leurs vastes tours
*
Bouquet de désir, tu t’envoles dans mes yeux
élogieux par ce pays d’ambre
italienne, réfléchi en suave cantilène
de l’intime anti-chambre au sein vertigineux
d’un miroitant Univers où tout écho en prisme
est déposé comme un corps entre les bras
ô abracadabra du Rêve familier
ta peau agrume dont l’arc
bandé des lèvres élève de souterraines
sèves d’Ambroisie mille et une fois choisies
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Ce sont des vagues adamantines
ô vrai amour, c’est une houle de frénésie mutine
qui coule sous tes membres cinabrés et ma peau nue
revêtue de bleu ciel, ce sont des vagues qui s’élèvent
comme emportant d’antiques crinolines
épées et casques de velours
d’éthériques cocaïnes, des flots nacrés de caféine,
ambroïne et de lait pieux qui s’enroulent
comme des flammes sans issue
où l’on voudrait un instant jouïr de demeurer, vibrant en
immortelles statues
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Marine Rose, née Marine Wharmby à Annecy le
21.04.1992, passe un baccalauréat scientifique avant de rejoindre une
école d’ingénieur agronome à Toulouse, puis de changer de parcours pour
des études de droit. Après de dures épreuves de santé naîtra dans son
cœur l’appel d’une vocation de poète.
À 20 ans elle publie son premier recueil aux éditions
Stellamaris, suivront une dizaine de recueils dont « Ruisseaux d’opales
suivi de L’île aux hiéroglyphes » récompensé par le prix Jean Giono 2020
de la Société des Poètes Français, « La Statue de la poésie » (qui
obtient un troisième prix Henri Meillant et un prix international de la
créativité Naji Naaman 2021, « Un Songe dans la Pierre » (troisième prix
Wilfrid Lucas de la Société des Poètes et Artistes de France 2022).
Marine réside près du lac d’Annecy avec son compagnon et sa
fille née en 2017. En 2024 paraîtra le recueil de poésie « Ma Gardienne
d’Éther » aux éditions Stellamaris.
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