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Thierry Moral - Poèmes et collages
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Doucement, la vie reprend
Le timide rayon de soleil
Éclaire l'herbe humide
La bise matinale fait son petit tour
Les oiseaux sont levés depuis longtemps
Sur le pont fleuri
Les estivants agitent une main
L'autre est chargée d'un pain frais
Les pensées nocturnes s'évaporent
L'ensommeillé revient à la réalité
Le songe, peu a peu, replonge
Ses racines dans l'inconscient quotidien
Qui ne sera pas peuplé de chien-loutre-rieur
Ni de palais de crème glacée de miroirs
Aucun pari stupide n'entraînera sa chute
L'envol de la terre ferme n'aura pas lieu
Sauf si l'on défie les lois
De l'empreinte carbone
Ou que l'on pratique un sport vertigineux
Le café tiède ramène à la réalité
Une journée pleine d'opportunités
Si l'on sait revenir à la perception
Du temps de l'instant présent
Qui nécessite de s'extirper
De la spéculation cérébrale
Des potentiels soucis relationnels
Des joutes verbales inopportunes
Des sollicitations compliquées
Du flux d'informations anxiogène
Fermer les yeux
Respirer profondément
Puis rependre le chemin
Tout simple ment ?
Bien sûr que non...
Feu sacré
Plus de jus
La source est tarie
Le feu sacré réduit en cendres
La flamme a fait son temps
Une page se tourne
Une étincelle nouvelle
Jaillira peut-être
De ce foyer artificiel
Il faut donc le nourrir
Le provoquer comme un incendie
L'alimenter telle une bête docile
Parce que sans énergie
Le phénomène de la vie
Ne fait pas long feu
Et pourtant elle nous surprend
La vie
Ses sursauts et rebonds
Sont improbables et inattendus
Ils surgissent furtivement
Parfaitement imprévisibles
La combustion spontanée
S’embrase sans braises
L'existence est puissante
Nombreux aspirent à la cerner
Voire, à la maîtriser
C’est le propre du présomptueux
Le fondement de l’être humain
Il présume plus qu'il n'assume
Puis résume ce qu'il advient
En petites phrases toutes faites
Qui en disent long
C'est la vie
Un jour à la
fois
Faut ce qu'il faut
Jamais deux sans trois
C'est reparti pour un tour
Tout est bien qui finit bien
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L’entropie demeure
Les fenêtres parlent doucement
Les portes se taisent ouvertement
Le toit de la conscience vacille
Sous la pluie, les gouttières babillent
La maison de l’impossible utopie
S’enracine sur des fondations endurcies
La terre meuble, en boue dégénère
De plus en plus, elle devient poussière
Les briques entassées subissent le destin
À moins qu’une faille y trace un dessin
La bâtisse fièrement demeure
Avant que le nomadisme ne sonne son heure
L’insolente tempête envole les tuiles
Se fracassant sur les trottoirs dociles
La mélodie urbaine encrasse les poumons
Les arbres frêles soupirent à l’unisson
Les rues désertes, cramoisies et anonymes
Ne côtoient presque plus la vie intime
Les sanctuaires de la vie sont les maisons
Individuelles, familiales ou pavillons
Elles constituent une longue chaîne
D’histoires ou de théâtres sans scènes
Lorsque les portes et fenêtres seront ouvertes
Un ordre nouveau rimera avec découvertes
Onde de choc
L’envol du papillon noir et jaune
Quelques battements d’ailes
Suffisent à provoquer
L’improbable loi de la réactivité
Action / Réaction
Causes / Conséquences
Parfois, les stimuli
Échappent à la logique
Physique et pragmatique
Que dire alors d’un ricochet
D’un coup d’épée dans l’eau
Vaguelette ou raz-de-marée
Nul ne peut prédire
Quel en sera le résultat
La science n’a pourtant de cesse
De tenter de figer
Cette implacable réalité
Faisceau d’oisives hypothèses
Temps perdu
Ou gagné sur l’ennui
La fatalité ne souffre pas tant
De ce genre de menus ennuis
D’actes en actes
Les faits se répercutent
D’êtres humains
En victimes anonymes
Chacun pourrait se sentir coupable
Ou responsable de cette chaîne
Collatérale et factuelle
Le papillon ne l’est pas
L’onde n’en a cure
Le choc ignore tout
Les mots sont ce qu’ils sont
Et le reste suivra bien
Par la force des choses
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Biographie de
Thierry Moral
Conteur, comédien, auteur et collagiste, il assume un travail
éclectique.
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Il propose un travail alliant exigence
et accessibilité allant de l'album
jeunesse au roman, en passant par la nouvelle ou la poésie. Son
domaine
de prédilection demeure le roman social.
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Son dernier ouvrage "LAZIL" (Nombre 7
Éditions) est un roman social
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franchissant les frontières du réel.