Biografie
Petruţa Spânu
(n. 1943, Cîmpulung-Moldovenesc) este profesor emerit de literatură
franceză şi belgiană la Catedra de franceză a Universităţii „Alexandru
Ioan Cuza“ din Iaşi şi la
Universitatea „Marie Curie-Sklodowska“ din Lublin (Polonia).
Este doctor în filologie din 1978 cu o teză despre criticul literar
Albert Thibaudet şi
fondatoarea Centrului de studii belgiene din cadrul
Universității „Alexandru Ioan Cuza“ din Iaşi (1993).
Petruţa Spânu
este autoarea a două manuale pentru studenţi, a patru volume de critică
literară (Albert Thibaudet ou le sens de l’autre, Raţiune şi
sentiment, Prinţul şi Poeţii,
Prozatori belgieni),
a 137 de articole publicate
în
volume colective
şi
în
periodice, a 61 de comunicări la colocvii naţionale şi internaţionale.
Petruţa Spânu
este
și
traducătoare literară din România. A publicat
76 de volume traduse din literaturile franceză, belgiană, elvețiană şi
poloneză
(Jean-Jacques Rousseau, Marcel Pagnol, Charles Joseph de Ligne, Maurice
Maeterlinck, Émile Verhaeren, Fernand Crommelynck, Camille Lemonnier,
Paul Emond, Michel Lambert, Guy Scarpetta, Jacqueline Harpman, Jean-Luc
Outers, Maurice Carême,
Béatrix Beck, Jacques De Decker, André Sempoux, Henri Cornélus, Bernard
Tirtiaux, Jean-Pierre Dopagne, Alain Van Crugten, Carlo Masoni, Lucien
Noullez, Christian Libens, Jean Jauniaux, Jean-Luc Wauthier, Thilde
Barboni, Bluma Finkelstein, S. Corinna Bille, Catherine Safonoff, Jerzy
Falicki etc.).
Este
membră a Uniunii Scriitorilor din România, filiala din
Iaşi
(1999)
şi
membră a Colegiului onorific
al revistei Acta Iassyensia Comparationis (2007).
Premii şi distincţii:
●
Premiul pentru traducere al Comunităţii Franceze din Belgia (2005).
●
Decoraţia franceză Palmes académiques (2005).
●
Decoraţia belgiană Ordinul Leopold în grad de ofiţer (2006).
●
Premiul pentru traducere 2010 al
Uniunii Scriitorilor, filiala din Iaşi,
pentru Bărbatul îndrăgostit de Camille Lemonnier (Ed. Fides).
●
Premiul pentru traducere „Irina Mavrodin“
2013 al Uniunii Scriitorilor,
filiala din Iaşi,
pentru
Miasma şi mireasma. Simţul mirosului şi imaginarul social în Franţa
secolelor al XVIII-lea şi al XIX-lea
de
Alain Corbin (Ed. Fides).
●
Premiul Maurice Carême
2015 din partea Fundației Maurice Carême
din Bruxelles pentru traducerea, împreună cu Dumitru Scorţanu,
directorul Editurii
Fides din
Iaşi, a cinci cărți de Maurice Carême.
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- Les Frères Jder de Mihail Sadoveanu – ou cinq
fois fraternité
Petruţa Spânu
Université « Al.I. Cuza » de Iaşi (Roumanie)
La trilogie romanesque Les Frères Jder (1935, 1936, 1942) de Mihail
Sadoveanu fixe à jamais dans la prose roumaine une mythologie
littéraire et un style imité par beaucoup d’auteurs. Comme son
évocation La Vie d’Étienne le Grand (1934), c’est une exaltation
presque mystique du temps passé. L’idéal d’organisation sociale de
l’écrivain est représenté par l’époque glorieuse d’Étienne le Grand
(1457-1504), lorsque le voïvode puissant et éclairé de Moldavie, obéi
par ses boyards fidèles, et entouré d’une large couche de petits
propriétaires terriens non-corvéables, nommés răzeşi[1] (francs-vassaux),
qu’il avait d’ailleurs pour la plupart créée ou encouragée, vivait en
harmonie avec les paysans. La maison du grand intendant des écuries
princières, Manole Păr-Negru (Poil-Noir), surnommé Jder (Martre), à
cause de la tache blonde poilue sous son œil gauche, transmise à
travers les générations comme un signe d’appartenance familiale, est
le modèle de cet organisme stable et puissant. Ses cinq fils, qui sont
tous au service du voïvode, respectivement écuyer (Simion), moine (Nicoară
/ Nicodim), trésorier (Cristea), négociant (Dămian) et soldat (Ionuţ),
sont les symboles de cette solidarité héroïque du peuple qui fait
prospérer sa terre, et la défend au péril de sa vie, car elle coïncide
avec sa patrie. Cette fraternité de sang est renforcée quatre fois
dans le roman, par les sept frères Căliman, par les cinq fils et
filles (légitimes et illégitimes) du voïvode, par les frères « de
croix »[2] et par les frères-moines, qui changent au besoin leur froc
contre l’habit guerrier.
Nous accorderons une place assez limitée aux parents:
Le « vieux » Manole Păr-Negru, grand intendant des écuries princières,
a 55 ans en 1469, au début du roman, c’est-à-dire le même âge que son
auteur. Il est à la tête d’une véritable dynastie[3] de « gli uomini
di Suo Onore »[4], dévoué à Étienne le Grand qu’il a accompagné
pendant son exil et appuyé dans sa lutte pour le trône. Sa fonction et
sa noblesse lui viennent comme récompenses pour sa fidélité
inébranlable. Grâce à la protection du voïvode, ce pater familias
deviendra l’un des hommes les plus illustres et les plus riches de
Moldavie. Il fera aussi un commerce très intense, encouragé par le
voïvode, mais aussi par son quatrième fils, Dămian. Il est en liaison
avec Danzig, « la grande bourgade des Allemands » (III, I, p. 645) et
avec Liov (Lwów), la ville polonaise, en exploitant intelligemment ses
troupeaux de moutons et de bétail, le poisson de ses étangs, la cire
de ses abeilles et les douanes de ses moulins à eau. En dépit de sa
fortune, il préfère « monter droit en selle et avec orgueil » (III, II,
p. 681) et s’occuper du haras princier de Timiş que veiller à ses
domaines et à son négoce. Il élèvera tous ses garçons dans l’esprit de
justice et de dévouement vis-à-vis du voïvode, et les mettra au
service de celui-ci.
Jusqu’à la vieillesse il se considérera comme un des bras vaillants de
son prince, participera à toutes ses guerres et mourra héroïquement
dans la lutte de Vaslui contre les Turcs[5] comme un răzeş (franc-vassal)
quelconque.
Ilisafta, son épouse, est la mère de quatre garçons. Diligente, belle
et rusée, énergique et intelligente, « cette Junon doublée d’une
Minerve »[6] a un don de parole que le voïvode lui-même apprécie et
admire. Dévouée à son époux et à sa famille, elle acceptera Ionuţ, le
bâtard de celui-ci, né de son « péché de jeunesse » (I, V, p. 77), et
l’aimera comme une mère, parfois plus que ses propres enfants. « L’une
des cariatides du roman »[7], c’est une vraie force, parfois
centrifuge et dissolvante de l’unité familiale, confirmant le préjugé
du siècle selon lequel les femmes ne doivent pas se mêler des affaires
politiques.
Leurs fils au nombre de cinq « rappellent le chiffre et le lien de
parenté des personnages d’une vieille et célèbre épopée, les cinq
frères Pandava de la Mahabharata indienne »[8].
Simion, leur fils aîné et le second intendant des écuries princières
après son père, a 35 ans au début du roman. Il refusera longtemps le
mariage, à cause de sa « fièvre » (ibid., p. 76) de jeunesse pour
Sofia, la Grecque, qui l’a rendu rival de son frère Nicoară. Ce
dernier se fera moine sous le nom de Nicodim au couvent de Neamţ.
Simion plongera dans le célibat et le travail au haras de Timiş,
parfois dans l’ivresse. Il épousera tard, et par amour, Maruşca (14
ans), la fille supposée du boyard Iaţco Hudici et de son épouse Anca;
en réalité la fille de cette dernière avec Étienne le Grand. Simion et
Maruşca auront un fils, Manole (diminutif Manoluţ), le second
Păr-Negru et continuateur de la dynastie. En fait, le deuxième volume
de la trilogie, « le poème de l’amour matrimonial »[9], lui est
consacré. Nommé par « Son Altesse » postelnic[10] et premier intendant
des écuries princières, Simion prendra la place de son père, lorsque
le vieux Manole aura « mal aux reins » (III, I, p. 645). Il mourra,
modeste et héroïque, dans la lutte de Vaslui, à côté de celui-ci.
Bon soldat sage, il n’a pas la vivacité juvénile qu’avait son père à
son âge. Il est diligent, travailleur, taciturne et tranquille,
cachant en lui la douleur de sa passion déçue de sa jeunesse. Mais
lorsqu’il sera appelé au service du trône, il fera preuve de la
vigueur infaillible de son clan. Il s’empare du hetman Grigorie
Pogonat Gogolea, qui veut voler l’étalon préféré du voïvode, prête
secours à Ionuţ, dirige l’expédition contre les fugitifs qui ont
enlevé Maruşca, sa future épouse. Simion et Ionuţ, à des âges
différents, parcourent le même chemin.
Apparemment le deuxième fils, Nicoară, semble avoir choisi un chemin
différent de celui de son père, puisqu’il a quitté le monde et s’est
retiré, sous le nom de Nicodim, « dans le désert » (I, IV, p. 61) du
couvent de Neamţ, à la suite de la même déception amoureuse qui avait
poussé son frère aîné Simion à s’isoler au haras de Timiş. Depuis,
« caché et oublié » (I, XVI, p. 309), il passe son temps dans « la
tristesse et les livres saints » (I, II, p. 25), dans lesquels il
pense trouver « la consolation et la paix » (I, XVI, p. 308). Mais la
passion pour la même femme ne peut pas toucher l’inébranlable ciment
de la solidarité familiale. Le pieux moine n’a pas oublié le métier
des armes qu’il cache sous son froc chaque fois qu’il le change contre
l’habit guerrier et qu’il part en guerre pour aider ses frères ou la
Moldavie, plutôt soldat que clerc. L’érudit chroniqueur de la famille
note dans son bréviaire les événements auxquels participent les
membres du clan et lui-même. Il a comme serviteur fidèle son « frère »
du couvent, le moine Gherasim. Ionuþ s’adresse à lui respectueusement,
en mentionnant chaque fois sa qualité passée (Nicoară) et présente (Nicodim).
Cristea, le troisième fils de Manole Păr-Negru et deuxième trésorier
du voïvode, bel homme vaniteux, hérite de sa mère le don de la parole,
surtout flatteuse. Le mariage avec Candachia a à sa base un puissant
amour réciproque. Ionuţ dit d’eux:
Ma belle-sœur Candachia compte qu’il n’y a pas dans ce monde d’homme
plus brave et plus magnifique que mon frère Cristea, et mon frère
Cristea peut regarder le soleil, mais non Candachia, tant elle est
belle (III, II, p. 683).
C’est pourquoi le timide et le sympathique Cristea, « l’enfant de
Candachia » (I, XVI, p. 303), n’hésite pas à rebrousser chemin, à
descendre de cheval et à retarder un départ urgent afin d’embrasser sa
femme.
Son épouse Candachia, belle, coquette et ambitieuse, une vraie
« Hélène moldave »[11], d’une riche famille de vieille noblesse, qui
lui a apporté une grande dot, est fidèle à son mari, qu’elle pousse
vers des fonctions importantes. Animé de zèle, la conscience du devoir
incite Cristea à l’assiduité:
Comme il se réveillait au service de sa majesté, le trésorier se
montrait inflexible. Il paraissait plus diligent que tout autre
dignitaire; ni la sécheresse, ni le torrent ne pouvaient l’arrêter (I,
VIII, p. 133-134).
Il est aussi un soldat courageux. D’abord dans l’expédition après
Ionuţ dans l’empire ottoman, puis à la bataille de Vaslui, lorsqu’il
prend la défense d’Alexăndrel, menacé d’être encerclé. Il est pourtant
le seul membre de la famille qui hésite dans sa fidélité au voïvode,
et est prêt à participer aux intrigues des boyards ennemis.
Dămian, le quatrième fils, semble très éloigné du service de son père.
Il est négociant prospère à Lwów, à Varsovie, à Danzig et à
Cetatea-Albă[12].
Il boitille de la jambe gauche, ayant un signe au genou (I, VII, p.
121),
depuis qu’il a fait une mauvaise chute quand il avait neuf ans. Il
épousera dans son âge mûr une veuve russe, Teodora, belle, riche et
maternelle:
Elle est comme une bonne mère poule et mon frère Dămian est son petit
(III, II, p. 682),
constate Ionuţ. Bien que les raisons du mariage soient matérielles, il
va très bien, car Dămian est un homme sage et absorbé par ses
affaires. Il s’établit à Lwów, car cela fait partie du plan d’Étienne
le Grand de poursuivre le boyard traître Mihu, qui s’y est réfugié:
D’un œil il regarde ses registres et de l’autre les ennemis de sa
Majesté; et son oreille écoute très bien ce qu’on dit dans le bourg
(I, VII, p. 123).
Il sert lui aussi très fidèlement le voïvode, protecteur du commerce,
sans oublier le métier des armes. Manole et Ilisafta sont fiers des
richesses de leur fils, surtout s’ils sont utiles, comme dans le cas
de l’expédition organisée à la recherche de Ionuţ. Dans celle dirigée
par Simion pour reconquérir Maruşca en Pologne, Dămian met à sa
disposition sa bourse et ses conseils.
Si Simion représente le courage du soldat, et Nicodim – la facette
spiritualisée, si Cristea exprime la douceur du langage et Ionuţ –
l’élan et l’intelligence du clan, Dămian complète l’éventail des
qualités des Jder par son esprit pratique:
Tout dans la vie est négoce (I, XVI, p. 314).
Il est le seul qui n’ait pas participé à la bataille de Vaslui, étant
alors « négociant en pays étranger » (III, XIV, p. 983).
Ionuţ Păr-Negru, le cadet des Jder, est en fait le bâtard accueilli
avec amour par tous les membres du clan. Il appartient, selon la
classification de E.M. Forster, aux personnages round[13]. Il
apprendra tard le secret de sa naissance par son oncle,
l’archimandrite Amfilohie Şendrea, le frère de sa mère Oana /
Olimpiada, d’où il tient le nom, Onu, mais se considérera toujours le
fils de sa « p’tite maman » Ilisafta et de son « p’tit père » Manole.
Il est marqué non seulement par la tache héréditaire, mais aussi par
sa gaucherie, c’est-à-dire par la prédominance fonctionnelle de la
main gauche. Le premier volume, L’apprentissage de Ionuţ, au fond son
« éducation sentimentale », « le poème du premier amour
juvénile »[14], lui est consacré, mais son mûrissement ne s’accomplira
pas grâce à ses aventures érotiques, mais à la suite de ses aventures
héroïques. Sur le tard, après qu’il se sera soumis à « l’expiation et
au jeûne » (I, XIII, p. 248), à la pénitence et à l’ascèse dans l’«
ennui » (II, VI, p. 430) et la « paresse » (ibid., p. 432) de la
citadelle de Neamţ et qu’il aura passé par plusieurs épreuves, il
deviendra un vrai homme, l’intendant des écuries princières Onu
Pãr-Negru, et l’un des « gens de sa Majesté », comme l’indique le
titre du troisième volume, fidèles à leur prince, jusqu’au sacrifice
suprême. Il mûrira lentement, par la souffrance et le repentir, même
par la récidive, car il est « folâtre ». Il est un « d’Artagnan
roumain »[15], avec un plus de pureté et de poésie.
Les deux premiers volumes insistent, par les diminutifs, sur sa
jeunesse et son manque d’expérience: garçon, mioche, enfant, gars,
cadet, poulain, benjamin, jeune homme, petit négociant. Il sera
d’ailleurs puni pour sa vilenie, sa fourberie et son parjure vis-à-vis
de son frère de croix, le dauphin Alexăndrel. Il payera pour ses
fautes, selon le principe de l’Ancien Testament, « sang pour sang »
(III, I, p. 653).
Son histoire deviendra presque une légende:
Son nom vrombit comme un bourdon (III, III, p. 702),
car
c’est la douce récompense des gens célèbres (III, IV, p. 719).
Sa lente maturation sera accompagnée du maintien des attributs
physiques de la jeunesse, comme chez le célèbre héros des contes
féeriques roumains, Prîslea (le Petit Dernier), c’est-à-dire le
benjamin des trois fils du roi. Il se transformera peu à peu en
maître, d’abord des deux frères Căliman, ensuite en deuxième intendant
des écuries princières, puis en commandant d’armée, des « drapeaux »
qu’il instruira, sans pour autant cesser d’être « serviteur »:
l’obéissance à ses parents et à ses frères aînés sera permanente,
comme celle au voïvode. L’orgueil et la folie ne disparaîtront pas,
mais seront atténués par l’humilité et la piété. L’intimité et la
familiarité seront corrigées et / ou complétées par des gestes de
soumission, comme l’agenouillement et le baiser de la main droite.
Ionuţ, l’enfant gâté de la famille, est l’héritier authentique du
vieux Manole, porteur de ses vertus, mais aussi de ses défauts. Il
répète son père dans un autre temps. Il n’est pas très attiré par
l’étude, et s’appuie sur la tradition paternelle. Il est même élevé
dans le mépris de l’enseignement et du savoir:
Le p’tit père, c’est lui, l’intendant Manole Jder. Il dit que ceux qui
apprennent trop deviennent fous… (I, III, p. 45).
Ses efforts et ceux du dauphin Alexăndrel en matière scolaire sont
donc minimaux. Les maîtres mettent plutôt l’accent sur la sagesse
naturelle. Ionuţ distribue les fonctions selon le principe de
l’efficacité maximale: celui qui en a absolument besoin sait lire et
écrire, c’est-à-dire le docte père Nicodim, qui en connaît pour tout
le clan; un boyard n’a pas besoin d’instruction, parce qu’il a un
autre rôle dans l’organisation sociale:
Il est donné à l’insecte de voler, au poulain de folâtrer et au pope
de lire (I, X, p. 179).
Une société patriarcale, organisée en essence sur le principe de la
défense active et de l’indépendance, cultivera le respect pour les
qualités de soldat. L’enseignement doit couronner les têtes haut
placées, les chefs éclairés des nations, mais dans l’opinion courante
cette appréciation est doublée de réserve et d’ironie amusée, comme le
dit Dumitru Crivăţ, qui voue une admiration effrayée à Amfilohie
Şendrea et au maître de langue serbe du dauphin:
Ce saint archimandrite Amfilohie apprit tant de savoir
à Byzance, qu’il ne se trouve pas dans tout le pays homme plus adroit
que lui dans toutes les instructions. Il connaît la langue hellénique
et la langue latine et, si je le lui demandais, moi, le plus humble
des échansons, comment préparer le chevreuil fumé, il connaît aussi ce
secret. Je vous en prie, vos seigneuries: il sait beaucoup de choses.
Il est vrai que Sa Sainteté a le timbre un peu fêlé, mais on ne le
voit que de temps en temps (I, VIII, p. 145).
Ionuţ a bien appris le métier des armes et leur stratégie. Il a
dépensé sa tendre jeunesse à des bagatelles orgueilleuses en
combattant les Tartares ou les athlètes de foires, pour mesurer ses
forces, comme son père. Ainsi le petit Jder, après une lutte tendue,
« vainc Goliath par la ruse »[16]. Lorsqu’il est arrivé à lutter dans
les vraies guerres, il ne fait pas seulement preuve de courage
invincible, mais de qualités de bon chef. Il sait instruire ses gens
et remporter des victoires décisives. Le cadet des Jder a donc dépassé
son père et ses frères. Il est l’« Achille des Roumains et à la fois
un rusé Odusseus »[17].
Le « vice des Jder » (II, XI, p. 556), c’est la solidarité des frères
en danger. Leur réseau d’entraide dépasse les frontières de la
Moldavie. La fraternité s’établit non seulement entre les membres de
famille ou entre les « frères de croix », mais aussi avec les animaux
et les éléments de la nature. L’organisation de la défense
anti-ottomane est un exemple d’utilisation du potentiel des bois, des
étangs, des marais.
« L’homme le plus de confiance de l’intendant Manole »
(I, V, p. 93), devenu le serviteur fidèle, l’écuyer et le camarade de
Ionuţ, c’est Gheorghe Botezatu Tatarul (Georges, le Tartare baptisé),
celui qui l’aide dans ses difficiles escapades. C’est
un vrai Tartare, réfugié depuis longtemps parmi les Moldaves et
christianisé dès sa jeunesse (ibid., p. 83),
d’où il a le nom. Ce soldat d’une fidélité et d’un dévouement
impeccables, accompagne toujours Ionuţ comme une « épée
protectrice »[18], mais aussi comme un esprit tutélaire, car il n’est
pas seulement un soldat courageux et capable, mais aussi un homme sage
qui sait apprécier les événements et les gens. C’est pourquoi Ionuţ
dit de lui:
Ce serviteur à moi est mon père, ma mère, mon frère (III, VI, p. 757).
Par les langues qu’il maîtrise, il établit une liaison entre les deux
civilisations opposées, la moldave et la turque.
Les sept fils du prévôt de chasse Nechifor Căliman, dont sont
présentés les deux plus grands: Samoilă (que Ionuţ surnomme Tord-Bois)
et Onofrei (Brise-Pierre) sont des incarnations légendaires. Ce sont
les serviteurs fidèles du « petit Jder ». Leur maître représente
l’agilité, eux, la puissance. Le deuxième volume, La Source blanche,
en met en valeur la force gigantesque et la foi, ainsi que la
connaissance des éléments de la nature, avec laquelle ils
communiquent. Onofrei Căliman
paraissait plus gros et plus costaud que Samoilă (II, II, p. 368).
À côté de son frère, avec lequel il forme « un couple
comme Oreste et Pylade »[19], il est un des hommes de confiance des
Jder, de l’archimandrite Amfilohie Şendrea et par eux, du voïvode
lui-même. C’est Onofrei qui parle au nom des deux, car il s’avère plus
dégourdi:
Trois semaines nous sommes en place. Nous montons la garde à la porte
principale et à celle du couchant. Lorsque vient notre gouverneur,
nous arborons le drapeau. Lorsque notre gouverneur s’en va à ses
affaires, nous abaissons le drapeau. La nuit, nous levons le
pont-levis et la herse. Lorsque le soleil se lève, les trompettes
sonnent le clairon et nous abaissons le pont-levis. Nous prenons soin
d’avoir de l’eau; et au mois de juillet nous nettoyons la fontaine du
milieu de la cité. Nous sommes aussi préoccupés d’avoir de la farine
dans les resserres pour trois mois, pour tous les gardiens, au nombre
de deux cents, quand ils sont tous ensemble. Après trois semaines de
service aux murailles, nous avons une semaine de libre à nous seuls
(ibid., p. 371).
|
- On leur confie des missions difficiles, comme le transport d’une
lettre secrète au prince, parce qu’ils connaissent les chemins les
plus secrets et garantissent par leur intuition de chasseurs expérimentés. Ils ne savent ni lire ni écrire et pensent que c’est
besogne de moines:
L’instruction est bonne pour les popes et les moines (ibid., p. 372).
La lettre scellée de l’archimandrite leur produit une terrible
inquiétude, car ils sont étonnés par les signes mystérieux.
Selon une tradition à laquelle avait obéi leur père, ils descendent de
la montagne vers trente-cinq ans pour fonder une famille, après avoir
eu soin des moutons, combattu les loups, les ours et les voleurs.
Leurs tourments affectifs sont simples et peu nombreux, car les géants
sont des forces de la nature primitives. Ils ont l’esprit plus lent,
mais sont aidés par leurs bras herculéens. Ionuþ dit d’eux qu’ils sont
faibles d’esprit mais leur vigueur est forte (II, VIII, p. 479),
et, lorsqu’il les présente au prince, il fait une plaisanterie où
entre beaucoup de vérité:
Votre Altesse, si l’un des deux se fâchait, il pousserait de l’épaule
et abattrait les murailles (ibid., p. 480).
Les deux Căliman sont en effet les instruments de force par lesquels
agit l’intelligence des Jder et, en dernière instance, du voïvode. Et
leur force est presque mythologique, car ils sont une sorte de titans.
Leur véritable puissance se voit dans le combat. Lorsque les Jder sont
attaqués par les voleurs sur les chemins de Pologne, à la recherche de
Maruşca, Onofrei et Samoilă sentent le danger et combattent les
voleurs comme des demi-dieux. La scène est un morceau d’anthologie:
[…] ils commencèrent à se déplacer avec une diligence dont on n’aurait
pas pu soupçonner le vif-argent dans leurs grands membres. En se
raidissant fort et en s’encourageant de leurs grosses voix, ils
jetèrent leurs lourds pieux à dix pas sur les envahisseurs. En
sifflant et en vrombissant, les deux chênes entrèrent parmi les
voleurs et brisèrent têtes et mains. Ils tirèrent d’un seul coup leurs
épées, mais les abandonnèrent aussitôt. Les mains tendues vers les
paniers des traîneaux renversés par les chevaux, ils empoignèrent les
roues détachées. Ils les tinrent en équilibre, chacune en une main; et
s’efforçant, ils les envoyèrent comme des boulets de bombarde (II, XIV,
p. 619-620).
Le résultat:
Il ne se trouvait devant eux que trois hommes à cheval. Les autres
s’étaient affaissés dans la neige; certains remuaient une jambe;
d’autres ne bougeaient plus. Des chevaux étaient aussi tombés;
d’autres couraient sur le champ les étriers vidés. La dispute
n’augmentait pour les voleurs ni là ni ailleurs, car ils étaient
percés de flèches ou battus par de épées aiguës. Toute leur force
avait été là, en arrière, près du traîneau des Căliman, et là, tout à
coup, une sorte de désastre de Dieu se confirma (ibid., p. 620).
À la bataille de Vaslui, la manière dont tombe au combat le superbe
Samoilă, à côté de son père, a la grandeur d’une épopée, et le geste
d’Onofrei – qui le hisse à cheval, sans parler, sans pleurer – menant
les morts selon un ordre testamentaire rappelle la scène « d’Achille
avec Patrocle »[20].
Stratonic, le « moine fou » (II, III, p. 376) et « ascétique » (I, III,
p. 46), est l’ombre de l’archimandrite Amfilohie Şendrea, l’éminence
grise, « le Richelieu de la Moldavie du XVe siècle »[21]. Feignant la
folie, ayant la mission de recueillir des renseignements dans le
milieu turc, pour savoir ce qu’il se passe dans les cercles ennemis
d’Étienne le Grand, l’« indigne moine » (ibid., p. 47) de « sécheresse
noire » (III, XII, p. 933), un peu boiteux, « araignée difforme » (II,
II, p. 361), est l’un des chaînons les plus importants du service
d’espionnage dirigé par l’archimandrite Amfilohie. C’est l’avant-poste
du voïvode dans l’empire ottoman, un excellent agent d’informations et
le premier moine-soldat qui prenne contact avec l’ennemi. Lorsque
l’archimandrite interrompt sa « folie » minutieusement calculée,
il n’a plus été ni fou, ni boiteux […] – il voulait soulever de bas en
haut l’objet ou l’être qu’il regardait (III, XII, p. 932-933).
Sans occuper le premier plan, et alors sporadiquement, la personnalité
d’Étienne le Grand est dominante. Toute la Moldavie est une grande
famille unie, car la famille est le fondement du pays. Le voïvode est
à sa tête, sa souveraineté est « mystique »[22]. Il dispose du sort de
ses sujets comme un père de ses fils. Le peuple vit dans un bonheur
mythique, jouit des nourritures terrestres et de la stabilité sous
l’autorité suprême d’un « despote éclairé », puissant comme un dieu.
Il a « droit de vie et de mort » (II, XI, p. 556) sur ses sujets, qui
reconnaissent que
nous sommes sous les pieds de Son Altesse Étienne-Voïvode comme des
graines de chanvre (III, VI, p. 763).
Les chemins sont paisibles, le commerce florissant, les récoltes, plus
riches que jamais. Dans cette impression de santé naturelle et
sociale, les hommes, dévoués au prince, s’habillent et parlent
décemment, respectent les lois et la foi. La famille des Jder n’est
que le monde en petit, le noyau de la société moldave. Elle est d’une
cohésion exemplaire, se déplace en groupe chaque fois que l’un des
membres est en péril, a donc une sorte d’instinct qui fonctionne en
même temps. Tout le pays moldave se comporte de la même manière: le
prince est le père, comme dans la tragédie classique. Il gouverne
politiquement, mais se préoccupe aussi du sort de ses sujets comme de
ses fils de sang. On ne fait pas (du moins aux échelons supérieurs de
la hiérarchie) ni on ne défait de mariages sans son approbation. Le
voïvode sait que Simion ne s’est pas marié et le gronde comme un père;
plus tard, il baptisera son enfant. À la mort des Jder et des Căliman
il ordonne un jour de jeûne et de prière, une messe à la mémoire des
défunts et s’agenouille avec piété devant les corps inanimés. Les
sujets ont soin de leur maître comme les fils du père: de sa
nourriture, de ses chasses, de ses guerres. Le poisson, le bétail, les
vins lui sont destinés. « Lorsque le pays est une famille, le
patriotisme même n’est qu’un sentiment familial »[23] qui lie les
parents et les enfants à leur milieu naturel de leur vie commune.
Les cinq enfants du prince apparaissent et disparaissent, muets,
en habits princiers de brocart, petits comme leurs petits corps (I, IX,
p. 152).
Parés de leurs beaux vêtements, ils ressemblent plutôt aux saints de
l’iconostase. Petru, Bogdan, Iliaţ et Olena, les rejetons de la feue
Evdochia (Eudoxie) de Kiev, s’adressent révérencieusement à lui, comme
aux frères aînés, avec « Ton Altesse ». Le prince chérit le plus son
fils aîné, Alexandru (Alexăndrel ou Săndrel), le dauphin illégitime,
« le bambin blond du règne » (I, II, p. 30). Celui-ci est inconstant
et souffre d’« érotomanie »[24]. C’est « une sorte de Don Juan du
temps »[25]:
[…] ses ébats qu’il a pris avec certaines vierges ou jeunes veuves de
nobles (I, IV, p. 59)
sont assez connus. Pourtant il nourrit une passion violente pour Nasta,
dont il se consolera vite à la pensée d’autres conquêtes, et la mort
de celle-ci ne blessera que l’âme de Ionuþ. La passion pour Candachia,
la femme de Cristea Jder, ensuite pour Maria, la fille de Radu
Bassarab le Bel, sont des déchaînements de sa nature.
Il lie une « fraternité de croix » avec Ionuţ, qui deviendra son rival
heureux en amour. Il ne pardonnera pas à celui-ci sa trahison, et
mettra en jeu plusieurs vengeances mesquines, bien que Ionuţ le sauve
au risque de sa vie. Pour le guérir, celui-ci lui fera même une farce
sinistre en cachant dans le poêle un coq qui chante à minuit, tandis
qu’il descend du grenier sous forme d’un fantôme. Comme Philippe II
enfant de la Légende d’Ulenspiegel de Charles De Coster, Alexăndrel
est dégénéré et fragile, fluet et délicat, a les dents rares, petites
et jaunes et dans le front une tache bleue que les sages-femmes
appellent « mouche ». Ces deux signes montrent une « faiblesse du
corps » (III, V, p. 740). Il a le visage « fané par le fiel » (loc.
cit.), « se fait de la bile » (loc. cit.), et souffre d’une permanente
agitation maladive,
de sorte que tout l’intérieur se nourrit de cette amertume. Il n’a pas
de calme dans son âme comme n’en a pas l’eau (loc. cit.),
et donne l’impression que son « esprit n’est pas mûr » (III, III, p.
702).
Il n’a jamais pu regarder droit dans mes yeux (III, V, 739),
dit de lui Ştefan Meşter (Habile), l’un des personnages.
Réhabilité à la bataille de Vaslui, il se montre digne de son père:
Il ne s’effraya pas, ni ne recula (III, XV, p. 1011).
La mort de Manole Păr-Negru et de son fils Simion,
percés de beaucoup de piques (ibid., p. 1016)
à la bataille de Vaslui n’a presque rien de pathétique: c’est le
moment de l’apothéose de la « Jderiade »[26]. Il n’y a pas d’option
plus noble que le sacrifice pour la communauté. C’est pourquoi
l’événement est relaté succinctement en quelques lignes. Malgré le
sang qu’on verse, le tragique est vu en couleurs estompées. Ilisafta
crie avec douleur et dignité comme un authentique paysanne:
— Tante Chira! tante Chira! commença-t-elle à crier. Tante Chira,
viens vite ici, pour apprendre que deux de nos très chers sont morts.
Notre mari et notre fils aîné. Appelez-moi notre belle-fille, Maruşca.
Mais ne lui dites pas mot jusqu’à ce que je ne la voie; que je lui
dise de ma propre bouche, comme je le sais, moi. Et préparez
immédiatement traîneau, serviteurs et vivres, pour que nous allions
toutes les deux à Vaslui, faire l’aumône et la commémoration pour nos
morts, selon l’usage (ibid., p. 1023).
La cérémonie de l’enterrement est absente, elle est extérieure au
rituel, car elle aurait dilué l’impression de douleur que le lecteur
éprouve à la mort des héros. Mais l’importance des rites funéraires
est suggérée par la hâte des femmes. La Moldavie glorieuse d’Étienne
le Grand n’a pas le temps de pleurer. Nicodim, le moine érudit, écrit
dans son grimoire, dans « une sorte de métaphore biblique »[27], les
aventures où la destinée des Jder et celle de la Moldavie
s’enchaînent. Il note comme témoin, acteur et chroniqueur:
L’année du Christ 1475, et depuis la fondation du monde 6983, mardi,
quatre jours après la sainte Épiphanie, il y eut une grande guerre
contre les Turcs à Vaslui et son altesse éclairée les vainquit.
Périrent dans cette guerre notre père corporel, l’intendant Manole
Păr-Negru, et notre frère corporel, l’intendant Simion et beaucoup
d’autres, Dieu préserve leurs âmes.
Mais avant cela rentra notre cadet l’intendant Onu du saint mont Athos
et de Brăila, barbu, et personne ne le reconnut; et son altesse sourit
lorsqu’il l’eut vu et connu (ibid., p. 1023-1024).
L’âge mythique est aussi un âge héroïque, où les gens donnent
volontiers leur vie pour leur terre et leur pays. « En pleine guerre
mondiale (1942), Sadoveanu imaginait cette utopie, impressionnante
dans sa naïveté pleine de charme, comme un poème festif de l’âge d’or
du monde ».[28]
Bibliographie:
1. Textes littéraires:
SADOVEANU, Mihail, Fraţii Jderi, dans Opere, 13, ediţie sub
supravegherea autorului, Bucureºti, Editura de Stat pentru Literatură
şi Artă, 1958.
SADOVEANU, Mihail, Viaþa lui Ştefan cel Mare, dans Opere, 12, ediţie
sub supravegherea autorului, Bucureşti, Editura de Stat pentru
Literatură şi Artă, 1957.
SADOVEANU, Mihail, La Vie d’Étienne le Grand, traduit du roumain par
Al. Duiliu-Zamfirescu, Bucarest, Éditions en langues étrangères, 1957.
2. Références critiques:
BRATU, Savin, Sadoveanu – o biografie a operei, Bucureşti, Editura
pentru Literatură, 1963.
BĂILEŞTEANU, Fănuş, Introducere în opera lui Mihail Sadoveanu,
Bucureşti, Editura Minerva, 1977.
CĂLINESCU, G., Istoria literaturii române de la origini pînă în
prezent, Bucureşti, Fundaţia Regală pentru Literatură şi Artă, 1941.
CIOPRAGA, Constantin, Mihail Sadoveanu. Fascinaţia tiparelor originare,
Bucureşti, Editura Eminescu, 1981.
FORSTER, E.M., Aspecte ale romanului, traducere şi postfaţă de Petru
Popescu, Bucureşti, Editura pentru Literatură Universală, 1968.
MANOLESCU, Nicolae, Sadoveanu sau utopia cărţii, Bucureşti, Editura
Eminescu, 1976.
MARCEA, Pompiliu, Lumea operei lui Sadoveanu, Bucureşti, Editura
Eminescu, 1976.
MARCEA, Pompiliu, Umanitatea sadoveniană de la A la Z, Bucureşti,
Editura Eminescu, 1977.
PAPU, Edgar, « Fraţii Jderi », dans Gazeta literară, an. XIII, nr. 44
(677), 28 octombrie 1965, p. 6. Reproduit dans Din luminile veacului,
Bucureşti, Editura pentru Literatură, 1967, p. 21-26.
PERPESSICIUS, « Mihail Sadoveanu: Fraţii Jderi », dans Acţiunea, an.
IV, nr. 764, 776, 27 martie, 3 aprilie 1943, p. 1-2.
PIRU, Al., Sadoveanu, dans Panorama deceniului literar românesc
1940-1950, Bucureşti, Editura pentru Literatură, 1968.
[1] Răzeş, pluriel răzeşi.
[2] « Fraternité de croix »: serment à la vie et à la mort entre deux
hommes, scellé par le sang jailli d’une incision dans les bras de
chacun, et bu par eux.
[3] Mihail Sadoveanu (1880-1961) épouse Ecaterina Bălu en 1901, et en
aura onze enfants. Son fils cadet Paul-Mihu, son préféré, qui a
probablement inspiré le personnage de Ionuţ, sera tué sur le front de
la deuxième guerre mondiale en septembre 1944 comme sous-lieutenant de
réserve.
[4] Mihail Sadoveanu, Fraţii Jderi, dans Opere, 13, ediţie sub
supravegherea autorului, Bucureşti, Editura de Stat pentru Literatură
şi Artă, 1958, volume III, chapitre XIII, p. 958. En italien, dans le
texte. Toutes les citations des Frères Jder – traduites par nous –
seront extraites de cette édition.
[5] À la suite de cette bataille, la renommée d’Étienne le Grand
dépasse les frontières de la Moldavie. Le chroniqueur polonais Jan
Długosz le proclame le plus grand voïvode de toute l’Europe, et le
Pape, Athleta Christi, l’« athlète du Christ ».
[6] Perpessicius, « Mihail Sadoveanu: Fraţii Jderi », dans Acţiunea,
an. IV, nr. 764, 27 martie 1943, p. 2.
[7] Id., « Mihail Sadoveanu: Fraţii Jderi », dans Acţiunea, an. IV,
nr. 776, 3 aprilie 1943, p. 1.
[8] Edgar Papu, « Fraţii Jderi », dans Gazeta literară, an. XIII, nr.
44 (677), 28 octombrie 1965, p. 6. Reproduit dans Din luminile
veacului, Bucureşti, Editura pentru Literatură, 1967, p. 21-26.
[9] G. Călinescu, Istoria literaturii române de la origini pînă în
prezent, Bucureşti, Fundaţia Regală pentru Literatură şi Artă, 1941,
p. 557.
[10] Postelnic (du slave posteilniku), titre donné à un grand boyard,
membre du Conseil princier, qui avait soin de la chambre à coucher du
voïvode, et organisait ses audiences.
[11] Perpessicius, « Mihail Sadoveanu: Fraţii Jderi », dans Acţiunea,
an. IV, nr. 776, 3 aprilie 1943, p. 2.
[12] La Citadelle Blanche, port fortifié sur la mer Noire, appelé
aussi jadis Moncastro, puis Akkerman.
[13] E.M. Forster, Aspecte ale romanului, traducere şi postfaţă de
Petru Popescu, Bucureşti, Editura pentru Literatură Universală, 1968.
[14] G. Călinescu, op. cit., p. 557.
[15] Pompiliu Marcea, Lumea operei lui Sadoveanu, Bucureşti, Editura
Eminescu, 1976, p. 294.
[16] Al. Piru, Mihail Sadoveanu, dans Panorama deceniului literar
românesc 1940-1950, Bucureşti, Editura pentru Literatură, 1968, p.
175.
[17] Id., ibid., p. 178.
[18] Pompiliu Marcea, Umanitatea sadoveniană de la A la Z, Bucureşti,
Editura Eminescu, 1977, p. 63.
[19] Id., ibid., p. 86.
[20] Id., ibid., p. 87.
[21] Pompiliu Marcea, Lumea operei lui Sadoveanu, éd. citée, p. 393.
[22] Perpessicius, « Mihail Sadoveanu: Fraţii Jderi », dans Acţiunea,
an. IV, nr. 764, 27 martie 1943, p. 2.
[23] Nicolae Manolescu, Sadoveanu sau utopia cărţii, Bucureşti,
Editura Eminescu, 1976, p. 190.
[24] Pompiliu Marcea, Lumea operei lui Sadoveanu, éd. citée, p. 298.
[25] Fănuş Băileşteanu, Introducere în opera lui Mihail Sadoveanu,
Bucureşti, Editura Minerva, 1977, p. 273.
[26] Id., ibid., p. 279.
[27] Constantin Ciopraga, Mihail Sadoveanu. Fascinaţia tiparelor
originare, Bucureşti, Editura Eminescu, 1981, p. 241.
[28] Nicolae Manolescu, op. cit., p. 211.
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